Comme tous les mercredis Diane fermait boutique à seize heures. Ce jour là il faisait chaud. Elle était vêtue d'une robe bleue ciel avec au bas du jupon une rose accompagnée de ses feuilles, minutieusement dessinés. Elle avait aux pieds une sort de spartiates lacées par de longs rubans marrons qui montaient très haut et se terminaient par un petit noeud. Elle avait également ajusté sur sa tête un petit canotier de paille qu'elle avait hérité de sa mère. Prête pour sortir et déguster un merveilleux thé chez Alexisse ou bien peut être goûter sa nouvelle création estivale : la sureaunnade, une citronnade au sureau.
Ce jour là elle décida d'emprunter le chemin du salon à pieds. Il faisait trop chaud pour sortir le fiacre, les chevaux n'auraient pas supporté. Elle verrouilla donc à clé la porte de sa boutique, elle traversa la galerie puis s'engagea alors dans la rue principale puis arpenta les milles ruelles qui mènent au salon de thé. Arrivée à la cité Resasteum elle longea le lac et ces arbres dont les fleurs tombaient, emportées par le souffle léger du vent. C'est en arrivant devant le salon qu'elle aperçu, un peu floue, une silhouette perchée dans un arbre. Elle semblait se balancer en rythme avec les feuilles.
Diane s'approcha, afin de déterminer de qui il s'agissait. Elle vit alors se dessiner des courbes féminines et puis des couleurs aussi. Du blanc pour une robe et un vert pour des cheveux. Elle ne semblait pas tant étonnée par cette découverte mais plutôt curieuse. Elle se tenait à présent au pied de l'arbre. La tête en l'air, le visage voilé par l'ombre de l'arbre. Elle esquissa un léger sourire.

Vous vivez dans les arbres?

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A présent elle distinguait parfaitement la jeune femme. Elle ne semblait pas l'entendre. Diane allait la relancer lorsqu'elle vit la jeune femme faire une sorte de pirouette qui surprit Diane. Elle se positionna tel un félin, perché sur sa branche, à l'ombre. Sa présence se fit remarquer par la jeune fille aux cheveux verts.
Est-ce interdit ?
« Non, pas que je sache. »
Rétorqua-t'elle en affichant un sourir des plus volumineux. Elle baissa les yeux et orienta son regard vers le lac Majeur qu'elle pouvait apercevoir au loin. Il y avait dans l'eau beaucoup de baigneurs. Diane aurait bien eut l'envie de les rejoindre mais la pauvre est trop pudique. Elle s'essuya le front par un geste élégant et leva de nouveau les yeux vers le chat perché.
« Vous n'avez pas trop chaud, perchée là haut? »
Par cette chaude journée d'été la température ne se différenciait pas entre l'ombre et le soleil. A l'heure qu'il était la piscine devait être bondée. Les plages du lac devaient grouiller. Et pourtant par cette chaleur assommante bon nombre de gens se précipitaient devant la porte du salon. Enfin, chacun sa lubie. Diane était elle aussi peut être un peu maso pour aller boire un thé par cette chaleur. Mais elle ne voudrait pour rien au monde manquer ce rendez-vous hebdomadaire. Elle l'avait promit à Alex!

La jeune femme perchée paraissait, aux yeux de Diane, comme lunatique. Elle murmura comme un songe un texte inaudible du point où se situait Diane. Elle put entendre de vagues sons mais ne discerna aucun mot propre.
- Si, mais au moins le soleil ne tape pas autant. Et porter un chapeau ne fera pas de grande différence: ça serre et ça concentre le chaleur. Vive la transpiration.
Diane souriait encore mais commençait à avoir de plus en plus chaud et sa gorge commençait à s’assécher. Comme elle avait bien envie de faire connaissance de cette jeune femme si mystérieuse elle hésitait à lui proposer un verre.
« Et pourtant savez-vous que transpirer permet au corps de se refroidir. Ça n'est certes pas très élégant mais c'est bénéfique. »
Elle retira son chapeau avec lequel elle fit quelques mouvement comme un battement d'aile pour s'aérer. Heureusement à cette heure de la journée ne soleil n'est plus à son zénith. Les gens sont de sortie pour profiter de la rue, la chaleur étant plus supportable qu'en début d'après-midi. Elle replaça en un geste élégant son chapeau sur sa tête.
« Je dispose d'une table au salon de thé que vous voyez là, je m’apprête justement à y aller déguster quelques pâtisseries. Voudriez-vous vous joindre à moi? »

A rester ainsi en pleine chaleur, sans bouger, Diane n'en pouvait plus tenir et avec ou sans la jeune inconnue elle ne tarderais pas à entrer dans le salon. Celle-ci avait d'ailleurs l'air sceptique. Comme si elle se méfiait de Diane. Pourtant c'est bien la dernière personne dont il faut se méfier. Une Eirhan modèle comme elle? Qui a reçu la meilleure éducation possible! Diane est une femme, une citoyenne modèle!
Elle chauffait sur place et enviait les baigneurs du lac. Combien de temps cela faisait-il que Diane n'avait pas mit le pied dans l'eau? Beaucoup trop longtemps mais avec l'été proche elle comprendra sûrement qu'il est temps de sortir le maillot de bain du placard, ou s'il ne vaut pas mieux de s'en acheter un.
« En ce qui concerne les boissons il y a du thé, des jus de fruits et ce qui fait le bonheur de tous en ce moment : la sureaunnade. La nourriture est essentiellement constituée d'une grande variété de pâtisseries en tout genre. Sinon il y a des glaces maisons. Alors qu'en dîtes-vous, vous acceptez mon invitation? »
Elle fixait continuellement, presque avec insistance la jeune demoiselle qui tardait à donner sa réponse.