La vie suivait son cours, et c'est avec un peu d'ennui que Kintaro se laissait porter par elle. Voyager lui manquait déjà, il avait tellement de choses, rencontré tellement de gens. Il se souvenait de la petite Diane qui lui a refait sa garde de robe à Domineum, du petit Alexisse qui faisait de si bons gâteaux. Il repensait à son père aussi, qui était parti pour ne jamais revenir. A sa mère, qui avait refait sa vie et qu'il ne voyait que très peu. Tout comme son demi-petit frère d'ailleurs, un petit être qu'il ne considérait pas vraiment comme un membre de sa famille.
Ce jour là, sa mère avait demandé à le voir. Seuls à seuls. Ils avaient des choses à se dire. Il ne lui avait pas vraiment parlé de ses voyages, et elle ne lui avait pas vraiment raconter comment elle avait refait sa vie. Il fallait mettre les choses aux clairs s'ils voulaient garder de bons contacts. Kintaro était dans sa cuisine et il préparait de quoi manger en attendant que sa mère arrive. Ponctuelle, elle arriva avant qu'il n'ait eu le temps de finir quoi que ce soit. Il alla donc lui ouvrir la porte.
- Salut maman. Entre je t'en pris.
- Bonjour Kintaro. Tu vas bien? *snif snif* Qu'est-ce que tu cuisines? ça à l'air bon! Tu veux un coup de main?
- Laisse tomber tu veux, et vas t'asseoir. Je vais bien merci.
L'ambiance était un peu glaciale, quoi de plus normal. Kintaro en voulait à sa mère. Il lui en voulait d'être une Heose, et de n'être pas restée seule à pleurer son fils quand il est partit. Il aurait voulu la retrouver brisée pour qu'il puisse la consoler, pour qu'il sente qu'elle avait besoin de lui. Mais apparemment, ce n'était pas le cas. Comment pourrait-il lui pardonner?
- Tu m'as abandonné...
C'était sorti tout seul, et il sentait la réplique arriver. En une fraction de seconde, sa mère se leva de son siège et s'exclama.
- C'est toi qui est parti! On était bien ensemble, mais tu ne m'aimais pas, alors tu es parti! J'ai essayé de t'en empêcher! Que voulais-tu que je fasse?
- Tu aurais pu essayer de me joindre!
- Et comment?? Je ne savais pas où tu étais!
- Tu... aurais dû m'attendre...
- Et me morfondre toute seule? Il n'en était pas question! Tu as toujours eu honte de moi parce que tu me trouvais faible, et bien pas tant que ça puisque j'ai su m'en sortir sans toi!
- Non, tu te trompes, je n'avais pas pitié de toi. Je ne pouvais plus te voir souffrir, c'est pas pareil.
- Mais je ne souffrais pas, parce que tu étais là. C'est quand tu es parti que j'ai souffert. Tout comme quand ton père nous as quitté. C'est toi qui m'a abandonné!
- Tu ne comprends pas...
- C'est toi qui ne comprends pas!
Et un lourd silence s'battit sur le salon.