Les rayons du soleil transperçaient le feuillage des arbres et étaient vus d'en-bas tels de toutes petites lucioles, en plein jour. Le vent était calme, du genre à s'impatienter ailleurs; l'herbe ne courbait pas sous son joug. Les oiseaux gazouillaient de temps en temps, puis fermaient leur bec; pas de proie au sol.
En effet aucune gente dame en calèche ou de riche aventurier dans les environs: le sentier était plus vide que le ventre d'un pauvre. Le temps était pourtant parfait pour une balade en couple ou une petite escapade loin de la maison; il ne faisait ni chaud, ni froid en ce mois de juin.

Seule sur la route une silhouette. Plus on s'en approche, plus celle-ci semble floue avant d'aussitôt s'évanouir dans les hautes herbes, à l'abri des regards. Comme si elle fuyait. La dernière fois qu'on ait pu la voir de près, c'était après l'arrêt brutal d'une calèche en pleine course et le vol de la bourse du gentilhomme qui s'y trouvait: sa voiture pouvait se reconnaître à des kilomètres à la ronde, avec ses roues en or et ses chevaux richement parés. Un Eirhan aux goûts beaucoup trop prononcés.
Ce genre de personne figurait dans les cibles classiques de tout voleur. Le truc, c'était de ne blesser personne, juste d'effrayer un peu les passagers qui se trouveraient à l'intérieur et provoquer quelques larmes. Après il y a l'histoire de la signature du malfaiteur (ou bienfaiteur ?): la plupart détériore le carrosse avec leur nom de scène, d'autres volent une chose en plus. Celle de notre fameuse ombre ? Sa chevelure verte. Elle ne la cachait de personne et c'était bien cela qui la faisait sortir du lot parmi tous les autres de son espèce: on la redoutait d'une certaine manière, avec ses attaques qui ne se prévoient pas et qui ne s'entendent pas, sans parler de la vitesse à laquelle ses vols se déroulent. Elle ne perd pas son temps, ne traîne pas à taper la discussion à ses victimes: cette femme prend et part.

Et au niveau de ces promeneurs solos ? A peu près la même chose. Elle n'était pas du genre à sauter sur le premier venu, ni, même sûre de sa proie, à se jeter sur elle et à la plaquer au sol en la menaçant. Non, aucunement. Cette hors-la-loi se prêtait à des méthodes plus.. discrètes, plus furtives, un peu comme les pickpockets: on s'approche plus ou moins près, on plonge la main, on repart. Elle était du genre à voler des choses bien précises, ou alors simplement de l'argent, pas de grosses sommes, mais ça lui servait plutôt bien.

En ce jour, personne sur le sentier. Personne à par cette silhouette à la longue chevelure qui finalement, s'envola dans les arbres: elle avait une facilité à grimper aux arbres, même les plus coriaces. L'habitude.